CONSOLATION Canton de VALDAHON Communauté de communes des Portes du Haut-Doubs
L'origine de la fondation d'un établissement religieux au fond de la vallée du Dessoubre est décrite par une vieille légende :
Vers la fin du XIVe ou au commencement du XVe siècle, un paysan, dont la tradition n'a pas conservé le nom, s'étant égaré dans les bois de la seigneurie, vers les sources du Dessoubre, découvrit une image de la Vierge, placée dans le tronc d'un énorme tilleul. La nouvelle s'en répandit dans tout le pays, et la madone fut bientôt l'objet d'une dévotion particulière.
Sur ces entrefaites, François de la Palud, sire de Varambon, comte de la Roche et châtelain de Chàtelneuf, appelé par le pape Martin V à la défense de la chrétienté contre les musulmans, s'enrôla sous la bannière de James de Lusignan pour combattre les infidèles dans l'île de Chypre. Il fut vaincu à la bataille de Domy, le 6 juillet 1426, et fait prisonnier.
Condamné à être décapité et arrivé à la veille de son exécution, il se recommanda à Notre-Dame du Tilleul comme source de consolation, lui promettant de faire bâtir une chapelle à son nom si elle lui accordait sa délivrance. Il se réveilla le lendemain avec ses fers et sa tunique d'esclave sur les terres de sa seigneurie, en vue des tours de son château, en un lieu que la légende place sur les confins des communes de Guyans-Vennes et des Maisonnettes.
Fidèle à son vœu, le sire de la Palud fit élever une chapelle à la place de l'oratoire de la Vierge du Tilleul, qui devint Notre-Dame de Consolation. Il en confia la garde à des ermites qui se succédèrent dans cette mission pendant un siècle environ. Son petit-fils, Claude de la Palud, désireux de développer l'importance de ce pèlerinage, sollicita et obtint la transformation de l'ermitage en chapellenie.
Cette institution dura de 1500 à 1660, période pendant laquelle la guerre de Trente ans sévit dans la région et força les habitants à se réfugier avec l'image de la Madone dans la caverne de Maurepos. Ferdinand-François-Just de Rye, héritier de la maison de la Palud, voulut que cette chapelle fût remplacée par un couvent de Minimes, mais il mourut trop tôt pour mettre son projet à exécution. Sa veuve, Marie-Antoine de Gusance, remariée au prince Charles-Eugène d'Aremberg, accomplit cette fondation en 1670.
Le monastère se composait de quatre ailes disposées de manière à laisser entre elles une cour intérieure. Dans l'église, placée au centre, se montrait, au-dessus du maître-autel, l'image miraculeuse renfermée dans un cadre garni de lames d'argent. Au premier rang des ex-voto était placée la tunique d'esclave du sire de Varambon, conservée dans une châsse vitrée surmontée des fers du prisonnier. Dans une chapelle latérale, à droite de la nef, se dressait le magnifique mausolée en marbre, style Renaissance, élevé par sa veuve au fondateur du monastère.
La Révolution française trouva les choses en cet état. Lorsque les Minimes, atteints par la loi du 13 février 1791, se virent contraints de quitter leur couvent, la piété des fidèles s'émut du danger que courait la sainte image. Ils adressèrent une requête au directoire d'Ornans pour obtenir l'autorisation de la transférer en l'église de Guyans-Vennes. Leur demande fut accueillie, et le 22 mars 1791, sa translation eut lieu solennellement. Elle y traversa sans atteinte les orages de la Terreur, et se trouve encore aujourd'hui exposée à la vénération des pèlerins, dans un sanctuaire, ancienne chapelle Sainte-Croix, récemment reconstruit et dominant du plateau. Mais il n'en fut pas de même des ex-voto, qui disparurent pendant ces jours troublés.
Abandonné par les Minimes, le monastère de Consolation tombait en ruine, lorsque l'archevêque de Besançon, cardinal de Rohan, eut la pensée d'y transporter le collège universitaire qui se trouvait trop à l'étroit dans les anciens bâtiments du château de Belvoir. Le transfert eut lieu en 1833, et depuis cette époque Consolation eut un séminaire diocésain très en faveur dans les montagnes du Doubs.
Son église renferme, avec le tombeau récemment restauré de Ferdinand de Rye, un maître-autel en marbre surmonté d'un entablement soutenu par quatre colonnes corinthiennes, dont le fronton circulaire porte, dans une gloire, le monogramme du Christ, et le fond est occupé par un tableau figurant la Présentation au temple ; de plus, dans le chœur, de belles boiseries sculptées, datant de la première moitié du XVIIIe siècle.
L'entrée de l'établissement est ouverte au public, moyennant une légère rétribution.
Source : Gallet de Recologne, in "Voyage archéologique et pittoresque dans la chaîne du Lomont et les vallées environnantes" Joseph Jacques éditeur, Besançon 1911.
Le séminaire fut fermé en 1978 et il est actuellement Centre Spirituel abritant une Fondation à buts spirituel, culturel et touristique.
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